Les Jeunes4Sol : Une Nouvelle Génération Francophone Se Mobilise pour les Sols
Message
Le potentiel des jeunes francophones est immense : ils représentent plus de 50 % des 321 millions de francophones de moins de 35 ans. Les membres du groupe #Jeune4Sol Francophone de la CA4SH incarnent une génération dynamique, créative et scientifiquement engagée. Nos actions en faveur de la santé des sols, pilier de la sécurité alimentaire et de la biodiversité, permettent de bâtir un avenir durable pour les générations futures.
NTUKA LUTA Jeancy, Coordonnateur d’AgroSmart-Consulting
Mon engagement pour la santé des sols et la durabilité environnementale : Du Projet d'appui à la mise en place des pépinières scolaires pour une sensibilisation efficace axée sur les actions pour lutter contre le changement climatique (PAPSAC) à l’avenir.
Introduction
En tant que scientifique spécialisée dans les sciences des sols et l'agriculture de précision, je m'attache à restaurer et préserver la santé des sols, qui est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire, protéger la biodiversité et renforcer la résilience climatique. En République démocratique du Congo (RDC), où la dégradation des terres est un défi majeur, mes recherches et projets, menés en collaboration avec mon équipe toujours très active, visent à proposer des solutions durables au niveau local. Mon parcours, de la recherche scientifique à la direction du Projet d’appui à la mise en place des pépinières scolaires pour une sensibilisation efficace axée sur l'action contre le changement climatique (PAPSAC), témoigne de mon engagement à allier science et action communautaire pour un avenir plus vert.
Fondements de la recherche
Après avoir obtenu mon MPhil en science du sol et ingénierie agricole à l’université de Kinshasa, j’ai développé une compréhension approfondie du rôle des sols dans la production alimentaire et la régulation climatique. Ma thèse portait sur la contribution du biochar au maintien de la productivité des sols sableux après la plantation d’acacia en culture de maïs à Ntsio, en RDC. Mes recherches se sont concentrées sur le développement de méthodes innovantes visant à améliorer la fertilité des sols, en mettant notamment l'accent sur l'utilisation de biochars. J’ai publié plusieurs articles, dont Physico-chemical characteristics of the biochars of Acacia sp., Bambusa sp., Eichchornia crassipes et Hymenocardia acida (Journal of Applied Biosciences) et Contribution du biochar à la maintenance de la productivité des sols sableux après la plantation d'acacias sous culture de maïs (Zea mays) (ResearchGate). Ces études ont démontré comment le biochar peut restaurer la productivité des sols sableux et acides de Kinshasa, offrant une solution viable pour les terres dégradées.
En parallèle, mon travail sur le terrain, notamment dans le maraîchage à Kimwenza, m’a permis de mettre ces connaissances en pratique. En utilisant des biochars, nous avons réussi à réduire les coûts d’achat de matière organique, à diminuer l’utilisation d’engrais chimiques et à améliorer les rendements agricoles.
Le projet PAPSAC : Un pont entre éducation et action
En 2024, nous avons dirigé le projet PAPSAC, financé par l’Ambassade de France en RDC via l’Initiative Construire Ensemble (ICE), pour un budget total de 10 900 $. Ce projet visait à établir des pépinières scolaires dans trois écoles de Kinshasa (le collège de la Nativité de Kisenso, le collège Saint-Esprit de Livulu/Lemba et le collège Fabrina de Kindele/Mont-Ngafula), choisies pour leur proximité avec des zones sujettes à l’érosion. Ces pépinières ont servi de salles de classe vivantes, où les élèves ont appris l’importance de la gestion durable de la santé du sol pour réduire leur vulnérabilité à l’érosion, ainsi que les notions de travail d’équipe et de responsabilité sociale.
Les activités du projet comprenaient :
Mise en place de pépinières scolaires : plus de 5 600 plantules ont été plantées, contribuant ainsi à la lutte contre l’érosion et le changement climatique ;
Réunions de concertation : trois chefs d’établissement ont été mobilisés pour soutenir le projet ;
Séances de sensibilisation : 300 élèves et 30 enseignants ont participé à des sessions sur les enjeux climatiques et l’importance des arbres ;
• Concours scolaire : organisé pour encourager l’engagement des élèves, il a récompensé 15 lauréats avec des fournitures scolaires et des brevets de mérite, attirant 850 élèves, 15 enseignants, 62 jeunes de Kinshasa et 12 représentants d’ONG locales.
Le projet a touché environ 1 000 personnes, y compris les familles des élèves, grâce à des activités communautaires. Les pépinières ont non seulement servi à planter des arbres, mais aussi à enseigner aux élèves le rôle du sol dans la séquestration du carbone et la préservation des écosystèmes.
Intégrer la santé des sols dans l’éducation environnementale
Le PAPSAC nous a offert une opportunité unique d’intégrer notre expertise en science des sols à l’éducation environnementale. En enseignant aux élèves comment les sols sains soutiennent la vie et régulent le climat, nous avons permis de favoriser une plus grande appréciation de la nature. Les sessions de sensibilisation ont notamment abordé la manière dont les arbres et les sols travaillent ensemble pour prévenir l’érosion et stocker le carbone, des concepts directement liés à mes recherches sur le biochar. Cette approche a transformé les élèves en ambassadeurs environnementaux, partageant leurs connaissances avec leurs familles et leurs communautés.
Les parents et les enseignants ont rapporté que les élèves impliqués dans le PAPSAC étaient devenus passionnés par la protection de l’environnement et qu'ils influençaient leurs camarades et leurs proches. Par ailleurs, le concours scolaire a révélé la créativité des jeunes, qui ont proposé des idées innovantes pour lutter contre le changement climatique localement, renforçant ainsi l’impact du projet.
Impact plus large et aspirations futures
Le succès du PAPSAC a dépassé nos attentes initiales. Les résultats quantifiables incluent :
Trois pépinières installées dans les écoles ciblées ;
Plus de 5 600 plantules plantées pour lutter contre l’érosion et le changement climatique.
Plus de 300 élèves sensibilisés et formés à la gestion des pépinières et à la conservation ;
Plus de 1 000 personnes ont été touchées indirectement, via les familles et la communauté ;
Quinze (15) lauréats récompensés, stimulant l’engagement des jeunes.
Sur le plan qualitatif, le projet a renforcé la conscience environnementale et l’engagement communautaire. Les réunions avec les chefs d’établissement et les sessions de sensibilisation ont donné lieu à des discussions ouvertes sur les défis climatiques, et la demande croissante pour des pépinières supplémentaires dans d’autres écoles témoigne d'un impact durable.
Inspiré par ces résultats, nous souhaitons étendre l’utilisation du biochar et d’autres amendements naturels pour restaurer les terres dégradées à travers la RDC. Notre expérience avec un autre projet à Kimwenza, où 80 maraîchers ont été formés à l’utilisation de biochars et de micro-doses d’engrais, a montré des augmentations de rendement de 53 % et une réduction des coûts de 70 %. Ces résultats renforcent ma conviction que la science des sols peut transformer l’agriculture urbaine et rurale.
Conclusion
De la recherche sur les sols à la direction de projets comme le PAPSAC, mon parcours est guidé par une passion pour la protection des ressources en sol et l'agriculture de précision. En alliant éducation, innovation et engagement communautaire, je suis déterminé à promouvoir la santé des sols et la durabilité en Afrique, et plus précisément en RDC. Les jeunes sont au cœur de cette transition vers une agriculture et une gestion environnementale durables, et je suis fier de contribuer à leur autonomisation à travers des initiatives comme le PAPSAC. Avec un soutien continu, ces efforts peuvent transformer les communautés et préserver notre environnement pour les générations futures.
A propos de #Jeune4Sol Francophone
En tant que jeunes francophones membres de la Coalition pour l’Action en faveur de la Santé des Sols (CA4SH) et engagés au sein du groupe de travail #Jeunes4Sol Francophone, nous nous engageons fermement en faveur de la santé des sols, pilier essentiel de la sécurité alimentaire, de la préservation de la biodiversité et de la résilience face aux changements climatiques. La CA4SH, initiative mondiale issue du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, a pour mission d’améliorer la santé des sols à l’échelle planétaire en surmontant les obstacles liés à la mise en œuvre, au suivi, à la politique et à l’investissement, tout en plaçant l’engagement des jeunes au cœur de ses actions, notamment à travers des initiatives telles que #Youth4Soil.
Notre rôle est d’autant plus important que nous apportons des perspectives innovantes et des actions concrètes, souvent ancrées dans nos réalités locales, tout en contribuant activement aux objectifs mondiaux. Nous sommes convaincus que l’implication de la jeunesse francophone au sein du groupe de travail de la CA4SH renforcera l’impact de la coalition dans les pays à forte proportion de jeunes. Notre objectif est de restaurer et de préserver la santé des sols, ressource essentielle à la vie.
Le groupe #Jeune4Sol Francophone est structuré en plusieurs sous-groupes dynamiques, afin de maximiser l’engagement et l’impact des jeunes :
1) Groupe de travail : pour coordonner les actions de terrain, développer des projets collectifs et assurer le suivi des initiatives ;
2) Groupe de mentorat : pour favoriser le transfert de compétences, l’accompagnement des jeunes leaders et le développement professionnel par le biais de programmes de mentorat structurés ;
3) Groupe de partage des innovations et des opportunités : pour échanger sur les nouvelles pratiques, les solutions innovantes et les opportunités de formation ou de financement, en facilitant la diffusion des connaissances et des expériences ;
4) Groupe d’exposition des solutions : pour valoriser les initiatives exemplaires, organiser des événements, des expositions et des campagnes de sensibilisation mettant en avant les solutions portées par les jeunes ;
5) Groupe de publication des bonnes actions : pour documenter, publier et diffuser les réussites, les témoignages et les impacts positifs des actions menées, contribuant ainsi à la visibilité et à la reconnaissance des efforts de la jeunesse francophone.
Nos actions actuelles constituent un véritable investissement pour l’avenir : restaurer et protéger les sols, c’est garantir la sécurité alimentaire, lutter contre le changement climatique en séquestrant le carbone et préserver les écosystèmes.
En protégeant nos sols aujourd’hui, nous posons les fondations d’un avenir durable pour la planète, où celle-ci pourra continuer à nourrir et soutenir la vie, garantissant ainsi un héritage de prospérité et d’équilibre écologique pour les générations à venir.